L’impression que j’ai eue au salon du Livre côté numérique, c’est d’être dans un nouveau Far West où tout reste à défricher! On connaît les shérifs : Amazon, Apple, Google, énormes bulldozers qui ont toutes les forces de leur côté sauf celle de savoir éditorialiser / animer une librairie en ligne (sauf Amazon ....) .
Je n’ose pas comparer les libraires français on & offline aux indiens… Ceux qui participaient aux conférences sur la scène numérique m’ont semblé terrifiés mais lucides et ne seront certainement pas tous exterminés comme l’a été Borders sur le marché US (cité avec un effroi justifié par Jérome Dayre d’Atout Livre lors d’une conférence).
Une des conditions, miser à fond sur la recommandation, les réseaux sociaux, le multi- canal et un prix du livre numérique bien en deçà du prix papier… sans pour autant casser les prix ou adopter un format propriétaire comme Amazon.
En parallèle, des startup cow-boys apparaissent (Byook, Numeriklivres, Storylab, Walrus...) pleines d’énergie et d’enthousiasme, qui se positionnent sur le nouveau créneau de l’édition purement numérique. Y aura-t-il une voie pour eux sans accords avec les éditeurs traditionnels?
Mais au fait, où sont-ils les éditeurs? Pas très diserts, ils travaillent en coulisse, auraient plutôt intérêt à rester groupés même si certains ont choisi de faire cavalier seul (Hachette). Peut-être qu’ils sauront saisir l’opportunité d’adresser de nouveaux lecteurs au-delà des effets de cannibalisation :
- en baissant le prix du livre numérique (je reste dubitative sur les arguments avancés sur le manque de visibilité des coûts du numérique)
- en adoptant une approche segmentée en fonction des genres (scolaire, tourisme, jeunesse, romans) et des terminaux (tablettes, smartphones, liseuses) - point souligné par David Lacombled d'Orange
- en renonçant à toute DRM cryptée en faveur d’une DRM light comme le watermarking (Position de François Gèze de la Découverte et de Marie-Pierre Sangouard de la FNAC)
- en innnovant sur les livres enrichis (concept bien flou mais tellement excitant!) ou de nouveaux formats pas si nouveaux que ça comme les célèbres feuilletons du XIXieme, créneau revisité par un pure player comme Storylab.
- en proposant une fois que le catalogue sera suffisamment large de nouvelles formes tarifaires (comme l’abonnement)
Le marché français du livre numérique va sans doute croître plus lentement qu'aux US, parmi les conditions de développement à court terme :
- un prix unique pour tous les distributeurs (François Gèze mentionnait la piste du contrat d’agence de mandat appliqué aux revendeurs étrangers sous réserve d'acceptation de Bruxelles)
- des négociations éditeurs/ auteurs qui aboutissent enfin
- une offre suffisamment large : pour l’instant il n’y a que 70 000 références soit 1% du marché total, avec des doublons et seulement 10-15K en format E-pub (Marc Leiba de l'Idate)
- une offre interopérable et donc standardisée (E-Pub semble être le format majoritaire mais avec un potentiel d’enrichissement limité)
Le concept de livre enrichi reste encore à définir, à imaginer... et à distribuer ;-)!
A noter une superbe démo d’un conte poétique pour iPhone de Célia Houdart (POL) présenté avec une passion communicative par Samuel Petit d’Actialuna.
C'est moi ou on a assez peu parlé des lecteurs ????
Quelques données marchés, citées lors des conférences:
Effet de cannibalisation sur le marché US: 5% des 10% du marché de l’e-book avant tout sur le poche. Cité par Marc Leiba de l'Idate dont la présentation très riche devrait être bientôt publiée sur le site du CNL
Principales ventes d’e-books (hors gratuit) :
- Top de la Fnac : le policier Quai des Orfèvres, (faible niveau de prix), la collection Harlequin qui représente 50% des ventes Fnac Numérique (cité par Marie-Pierre Sangouard)
- Top Numilog : policier, SF, sentimental, scientifique/ management + best sellers papier (cité par Denis Zwirn)
Pénétration iPad/ Tablettes sur le marché français versus readers (cité par Pierre Geslot d’Orange):
o Les readers dédiés ciblent les gros lecteurs et devraient représenter à terme 30% du marché
o Versus 70% de tablettes ciblant de nouveaux lecteurs ou lecteurs occasionnels
Bonjour,
RépondreSupprimerExcellente synthèse et excellente initiative, on a vraiment besoin de vision globales et indépendantes sur ce marché du livre numérique!
Merci !
Xavier.